La disparition de Fandor by Souvestre Pierre

La disparition de Fandor by Souvestre Pierre

Auteur:Souvestre, Pierre [Souvestre, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française, Policier
Éditeur: Gouzibibliothèque
Publié: 2012-04-11T22:26:21+00:00


16 – ÉCLAIRCISSEMENTS OU COMPLICATIONS

« Monsieur le président. Messieurs,

« C’est au nom de la Société moderne, de la Morale, au nom de l’Équité, que je requiers aujourd’hui contre le prévenu que vous avez amené à cette audience, l’application rigoureuse de la loi. Il faut que la justice se montre, non seulement sévère, mais encore impitoyable. Il est temps de réprimer toutes ces déprédations et d’en finir avec les malfaiteurs que n’arrête aucune interdiction et que n’émeut aucun châtiment. »

Ce prologue achevé, M. Anselme Roche, procureur de la République, jeta un regard circulaire sur l’auditoire nombreux qui l’écoutait.

Ce jour-là, en effet, il y avait foule à l’audience du tribunal correctionnel de Bayonne. Le procès qui se jugeait était cependant loin d’être retentissant et l’accusé, affalé et grotesque, avait peu l’allure d’un dangereux criminel.

Il faisait un temps superbe, mais les Bayonnais préféraient sans doute venir s’enfermer au palais de justice plutôt que d’aller se promener. Toujours est-il que M. Anselme Roche, déversant sur eux des flots d’éloquence, les impressionnait et, plus même, les effrayait quelque peu.

Le prévenu était un voleur de résine. Il avait eu la malencontreuse idée, ce pauvre diable, de s’attaquer, non pas à des propriétés privées, mais à une portion de territoire national. Son délit, de ce fait, prenait les proportions d’un méfait grave.

M. Anselme Roche chargeait l’accusé. Il semblait vraiment prendre plaisir à s’acharner ce jour-là.

Qu’avait-il donc contre le prévenu ?

M. Anselme Roche était d’une humeur massacrante et il se vengeait sur l’inoffensif voleur de résine de ses déboires personnels. Amoureux de Mme Borel, il se trouvait privé de ses nouvelles, et qui plus est, atteint à son endroit d’une jalousie féroce. Ne soupçonnait-il pas le spahi Martial Altarès d’avoir eu avec celle qu’il aimait des relations intimes et suivies ?

Cependant, réveillés par l’arrêt subit du discours de l’orateur, le président et les assesseurs se consultaient du regard. Puis avant de rendre leur jugement, estimant l’heure venue d’aller fumer une cigarette, ils décidèrent de lever l’audience. Anselme Roche, de son côté, se dirigea vers son cabinet de travail. Il y était depuis quelques instants déjà, lorsqu’un huissier se présenta :

— C’est une dame, fit-il d’un air mystérieux, une dame fort élégante, qui demande à parler à M. le procureur.

L’arrivante ne pouvait être que Mme Borel.

— Faites entrer, répondit Anselme Roche, cependant qu’il jetait au loin sa cigarette et que, d’un geste machinal, il arrangeait les plis de sa robe, assez satisfait de se montrer à la femme qu’il aimait dans l’apparat solennel des attributs de sa profession.

Le magistrat préparait déjà un sourire aimable, mais il s’arrêta net, car la personne qui entrait dans son cabinet, brusquement, d’un bond, il ne la connaissait pas. C’était une femme que le procureur n’avait jamais vue.

— Jamais vue ? Si cependant.

Anselme Roche fronça le sourcil. Il n’aimait guère les visites de ce genre, et ceux qui s’y étaient aventurés une fois, étaient accueillis de telle sorte qu’ils ne recommençaient jamais. Anselme Roche, affectant donc son air le plus froid, s’inclina imperceptiblement.

— Vous désirez, Madame ?

— C’est à M.



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